7 janvier 2013

Les communistes défendent leur capital... immobilier


Suite à l'expulsion des mal-logés de l'immeuble du 149 rue du château Paris 14e ci-dessous l'article paru dans le Canard enchaîné du 2 janvier 2012

"Le Parti communiste le revendique haut et fort: pour loger les sans-abri, il faut réquisitionner les immeubles vides ... sauf les siens! Une poignée de squatteurs qui s'étaient installés au 149 rue du Château, à Paris (XIV), dans des locaux appartenant au PC, ont été évacués manu militari le 19 décembre, par la police, à la demande du proprio. Avec ses trois étages et une maison à l'arrière-cour, le bâtiment de 300 m2 est inoccupé depuis juin 2009. Sur la façade les volets en fer prennent tranquillement la rouille. Mais pas question de laisser s'y incruster des intrus. La société immobilière du parti, la SA Rochechouart, a porté plainte pour « dégradations volontaires », et deux occupants ont été interpellés par les poulets.

« Il n’y avait que trois squatteurs, de la mouvance anarchiste, assure Igor Zamichiei, secrétaire de la fédération parisienne du Pc. Ils ont fait ça pour des motifs politiques, pour embêter le parti. » Bref, ce n'étaient pas de « bons» squatteurs ... « On ne savait même pas que la maison appartenait au Parti communiste, a rigolé Thomas, l'un des occupants interrogés dans l'édition locale du "Parisien" (21/12). On avait repéré la maison, on a tous des problèmes de logement. »

Culte de la propriété
Un immeuble vide depuis trois ans et demi, ça la fiche mal pour le parti des travailleurs ... « Il est en très mauvais état et nous avons eu beaucoup de mal à obtenir un prêt pour financer des travaux », explique Hélène Bidard, élue communiste du XIe arrondissement et gérante de la SA Rochechouart. Le 10 décembre, au Conseil de Paris, la même élue avait eu des mots un peu moins compréhensifs pour les proprios d'immeubles inhabités: « Par un voeu, notre groupe demande que la Ville mette à disposition tous les bâtiments vacants en sa possession, susceptibles d'être mis à disposition de l'hébergement d'urgence. » Vite, une adresse! A quoi servira le bâtiment, une fois retapé'? C'est encore un peu flou », répond Hélène Bidard au « Canard ».

Entre 2000 et 2004. le PC a vendu plusieurs bijoux de famille: une demeure à Bazainville (Yvelines), où séjournait Maurice Thorez, ou encore l'école des cadres, à Draveil (Essonne). Et la direction du parti s'est convertie aux joies du capitalisme en louant le reste de son patrimoine aux prix du marché. Le premier étage du siège, place du Colonel-Fabien (XIX), est occupé par la société de production Autochenille. Et l'ancien siège, 120 rue Lafayette (X), a accueilli, le 1er janvier, un nouveau « camarade » locataire: une boîte privée, l'école des Hautes Etudes appliquées du droit (HEAD). Un vrai nid de prolétaires qui a pour «partenaires » Danone, Microsoft ou Veolia, et où l'année de scolarité coûte entre 6 000 et 40 000 euros!

C'est la lutte des places
La fédération parisienne du PC possède ainsi plusieurs pépites immobilières qui servent de lieux de réunion aux militants: un petit appartement dans le VII arrondissement au II bis de la rue Amélie, des bureaux au 3 rue du Vieux-Colombier (VI) ou au 42 rue Mouffetard (V). Et on ne rigole pas avec la cause de la pierre! La preuve: la fédération a repris en main plusieurs appartements acquis dans les fastes années 70. Les militants qui y avaient mis quelques sous et portaient encore les parts des camarades ont été virés des sociétés civiles immobilières (SCI) créées à l'époque. Pour un local de 80 m, situé 62 rue Montmartre, la lutte interne fut  homérique. Même bagarre pour l'immeuble de la rue du Château, où les « historiques » de la section ont été évacués sans ménagement, en juin 2009, par le service d'ordre du parti.

Ce patrimoine est aujourd'hui détenu et géré par une dizaine de structures internes: la SA Rochechouart et plusieurs SCI, comme - cela ne s'invente pas - la SCI... Leninvest! Pour les prochaines opérations des camarades, « Le Canard » propose, par exemple, Stalimmo, KarlMarx Limited ou Thorez Asset Management.

Isabelle Barré"

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