L'actualisation du Plan climat-énergie de Paris votée à l’unanimité.
J'ai porté l'actualisation 2012 du plan climat-énergie de Paris, votée à l'unanimité ce mardi en Conseil de Paris. Les nombreux vœux déposés dans les arrondissements par les élus EELV constituent désormais une solide base de propositions à faire aux Parisiennes et Parisiens en 2014 pour une ville écologiste. Retrouvez ici mon intervention.
Canopée solaire sur périphérique. Kati Beal. |
Effectivement,
que de chemin parcouru depuis ce vote à l’unanimité du Plan Climat. Je dirai
que la Ville est un paquebot, un paquebot puissant, dont les changements de cap
ne se font pas du jour au lendemain, et le vote intervenu en 2007, le vote de
ce premier Plan Climat, a commencé à produire des effets en 2009. Depuis, que
de projets engagés ! 15.000 nouveaux logements basse consommation, 15.000
réhabilitation Plan Climat, 100 écoles en cours de rénovation thermique,
plusieurs puits de géothermie, malgré tout, 25.000 mètres carrés de panneaux
solaires, le bilan est tout de même bien présent. Tout cela a, effectivement,
permis de faire baisser de 2 % nos émissions de gaz à effet de serre.
Aujourd'hui,
à la lecture de l'actualisation du Plan Climat, force est de constater que la
Ville a opéré son virage énergétique, le paquebot a changé de cap, objectif
facteur 4. Notre responsabilité, vu l’échec de Doha, en tant que collectivité
est encore plus important. Nous nous devons de relever absolument ce défi.
Alors,
j'ai pu entendre, effectivement, beaucoup de critiques sur le fait qu'il n'y
avait pas d'annexe budgétaire à ce Plan Climat, et là, je voudrais dire
vraiment que c'est une question de logique ; nous ne sommes pas dans une
logique optionnelle par rapport au climat, nous ne sommes pas dans une logique
où il y aurait une annexe au budget qui concernerait la transition énergétique.
Aujourd'hui,
ce Plan Climat impacte l'ensemble des Directions de la Ville de Paris.
Aujourd'hui,
ce Plan Climat impacte quasiment l'ensemble du budget de la Ville de Paris,
bien sûr hors Département et action sociale, mais rares sont les lignes
budgétaires aujourd'hui, rares sont les actions de la Ville, qui n'ont pas une
répercussion sur le Plan Climat. Ce Plan Climat irrigue réellement l'ensemble
des Directions de la Ville et impacte l’ensemble de son budget ; c'est
extrêmement important.
Après,
j'ai pu entendre effectivement que l'évolution et ce moins 2 % est uniquement
dû à la baisse des déchets, au fil de l'eau, etc. Non, on ne peut pas, je
crois, se contenter d'attendre en se disant que la science va pouvoir régler
tout le problème. Nous sommes bien dans une logique volontariste, une logique
volontariste de transition énergétique, et c'est bien l'objectif de
l'actualisation de ce Plan Climat.
Après
cette actualisation, pour être très clair, pour commencer à présenter le vœu de
l'Exécutif, concernant l'aménagement du territoire au service de l'efficacité
énergétique et des énergies renouvelables, ce vœu de l'Exécutif répond aux
amendements 59 du groupe "Europe Ecologie - Les Verts et apparentés",
67 du groupe Communiste et élus du Parti de Gauche, 68 de Jérôme Coumet, aux
voeux 82 et 83 du groupe EELVA , et 125 de
Jean-François MARTINS.
Sur
le périmètre du Plan Climat, il y a, bien sûr, beaucoup de propositions par
rapport à la métropole. Le vœu de l’Exécutif, bien sûr, affirme la nécessité
d'engager une réflexion à terme avec l'ensemble des partenaires métropolitains pour
aboutir à une gestion mutualisée de l'énergie en métropole.
Plus
globalement, à l’image de notre Plan Local d’Urbanisme, à l’image de notre Plan
Local de l'Habitat, il faudra absolument qu'à terme, ce Plan Climat comporte
l'ensemble de la métropole comme son territoire d'action.
Sur
le développement des énergies renouvelables, et malgré le sabordage par
l'ancien Gouvernement de la filière photovoltaïque, la Ville a créé les outils
nécessaires pour développer ses projets.
Quand
la Ville crée Solarvip, un outil parisien de développement du photovoltaïque,
c'est bien qu’elle se prépare à réaliser de nombreux projets, à accumuler du
savoir-faire, pour pouvoir rentrer réellement dans cette nouvelle phase. Il y a
aussi, bien sûr, la participation à la S.E.M. "Energies POSIT'IF",
l’implication du SYCTOM aux projets de méthanisation et de biomasse, autant de
structures qui accumulent aujourd'hui un savoir-faire et qui, demain, en
espérant certaines évolutions nationales, seront tout à fait prêtes pour monter
en puissance et réellement relever le défi.
Prévoir
et imaginer le Paris de 2030, il y a beaucoup de vœux qui projettent sur ces
nouvelles solutions, on a entendu les propositions du 13e arrondissement sur la
production d'algues sur les bâtiments, sur la réintroduction du mouton pour
entretenir les pelouses…
Plus
globalement, un second appel à projets, et là, je reviens à l'énergie, sur
l'efficacité énergétique du bâtiment, sera lancé début 2013. J’attire
l’attention vraiment de notre Assemblée sur quelques chose de très
intéressant : une deuxième action avec l'appel à contribution
internationale auprès d'équipes de chercheurs sur le thème des ressources
cachées. Tout ce qui peut aller dans le sens du travail qu’a engagé, entre
autres, Anne LE STRAT, sur la récupération de la chaleur des égouts, comme à
l'école Watigny, dans le 12e arrondissement, ou sur l’expérimentation menée à la
piscine de l’Aspirant Dunant devant le 14e arrondissement, de récupération de
la chaleur, mais après, des choses beaucoup plus improbables. Nous ne pouvons
pas réfléchir, aujourd’hui, à la transition énergétique sans imaginer les
solutions de demain et, effectivement, les solutions de demain, on ne les
connaît pas toutes aujourd'hui, il faut chercher, faire appel à des
chercheurs ; c'est bien l'objet de cet appel à contribution. Cela peut
paraître anecdotique, mais l’énergie issue du freinage du métro est
récupérable, la chaleur des couloirs, des halls et des gares est peut-être
récupérable, les 350 kilomètres de carrières sous Paris qui sont à 13 degrés,
n'y a-t-il pas quelque chose à faire ? Autant de pistes, autant de sujets
sur lesquels cet aspect des ressources cachées sera réellement exploré pour
imaginer ce Paris de 2030.
Concernant
l'habitat, sobre en énergie, accessible à tous, et en réponse aux amendements 55,
56, 66 du groupe "Europe Ecologie - Les Verts et apparentés" et aux
vœux 91, 92, 96, 98, 101 et 103 du même groupe, ainsi qu’aux voeux 113, 116 du
groupe U.M.P.P.A., voilà ce que je peux dire.
Tout
d'abord, une affirmation claire : nous sommes opposés, que ce soit en
logement public ou en privé, au chauffage électrique, nous l'avons voté lors du
S.R.C.A.E. il y a deux mois au Conseil de Paris, nous répétons dans le Plan
Climat cette affirmation. Nous sommes d’ailleurs demandeurs d’une évolution
législative pour permettre de donner une base juridique à cette opposition.
Concernant
la rénovation thermique et les nombreuses inquiétudes que l'on a pu voir sur le
80 kWh, nous réaffirmons avec force que le 80 kWh est l'objectif maintenu
en rénovation.
Nous
rajoutons un aspect qui est, dans le cas où celui-ci ne pourrait être atteint
pour des raisons techniques, celles-ci devront être exposées clairement en
toute transparence dans les délibérations. Et le plan de travaux futurs dans le
cas de réhabilitations progressives permettant d'atteindre l'objectif de 80 kWh
devra être inscrit noir sur blanc.
Vous
m'excuserez un peu de l'aspect catalogue, mais j'essaie de répondre au maximum
de sollicitations et de vœux et amendements.
Concernant
l'hostilité des A.B.F. aux panneaux solaires sur les toits et aux
végétalisations, même si les A.B.F. ont tout de même un peu évolué les
dernières années, mais il est extrêmement important que nous continuions à
défendre l'idée que l'on peut absolument concilier patrimoine et écologie.
Peut-être
sommes-nous en train d'inventer le patrimoine ? J'en suis même sûr, nous sommes
en train d'inventer le patrimoine de demain. Ou peut-être d'autres A.B.F. plus
tard, dans vingt ans, défendront nos toitures végétalisées, défendront nos
panneaux solaires parce que cela sera intégré au patrimoine de Paris. C'est
bien vers cette logique que nous voulons tendre.
Concernant
l'O.P.A.T.B. du 15e arrondissement, pour répondre très clairement, on ne
dispose pas aujourd'hui du calendrier. Donc dès qu’un calendrier sera établi,
la mairie du 15e sera associée et tenue informée.
Sur
l'augmentation de la formation concernant l'Agence parisienne du climat, déjà
depuis deux ou trois jours, il se trouve que l'on parle énormément de l'Agence
parisienne du climat dans la presse. C'est une chose qui est vraiment
importante.
Je
voudrais quand même rappeler, concernant l'A.P.C., que c'est une jeune
structure qui a à peine deux ans. On ne peut pas demander à une structure qui a
à peine deux ans, qui a récupéré une situation d’ailleurs relativement
complexe, d'avoir des résultats du jour au lendemain. L'A.P.C. aujourd'hui est
prête, l'A.P.C. est structurée, l'A.P.C. est un outil de combat face au
réchauffement climatique. Je peux vous assurer qu'en tant que président, je
mets et je mettrai toute mon énergie pour que l'A.P.C. fonctionne et soit à la
hauteur de ces enjeux.
Nous
n'avons pas entendu, par contre, les propositions d'aujourd'hui pour travailler
main dans la main avec l'ensemble des partenaires privés. L'A.P.C. n'est pas
une énième agence repliée sur elle-même, c'est une agence ouverte vers le
privé, dans laquelle de nombreux partenaires sont adhérents. Encore jeudi
dernier, j'ai introduit un débat sur la transition énergétique dans lequel il y
avait tous les acteurs économiques intéressés dans la salle. L'A.P.C. est
absolument en phase aujourd'hui avec ces enjeux, aussi bien dans le conseil aux
particuliers, aux copropriétés, que dans la prospective avec les partenaires
privés pour inventer les solutions de demain.
Concernant
les déplacements, et en réponse aux vœux n° 84 et n° 102 du groupe
E.E.L.V.A., le vœu de l'Exécutif propose d'accélérer effectivement la signature
de la charte marchandises avec les acteurs économiques et ce, dès le printemps
2013.
Là,
encore une fois, on n'est pas sur une politique publique qui nécessite, en tout
cas concernant la charte marchandises, énormément d'investissements mais que de
rationalisations également à faire, en plus de prévoir avec mon ami Christian
SAUTTER de nombreux espaces de logistique urbaine dans la ville, qu'il faudra
penser à inscrire lors de la révision du prochain Plan local d'Urbanisme.
Le
sujet de la logistique urbaine est un enjeu essentiel pour notre ville,
essentiel pour le réchauffement climatique, essentiel également pour l'emploi :
nous nous devons encore plus que se saisir de ce sujet à bras-le-corps.
La
Ville de Paris s'engage d'ailleurs, et c'est rappelé dans le vœu de l'Exécutif,
à expérimenter en conditions réelles le tramway fret sur les lignes de tramway
existantes, et c'est une réelle nouveauté.
J'ai
entendu dire de la part de M. TRÉMÈGE : Monsieur le Maire, prenez le
métro. Je voudrais rassurer M. TRÉMÈGE, je suis obligé de prendre le métro, je
n'ai pas le permis voiture, je n'ai pas le permis hélicoptère, je n'ai pas le
permis avion, donc je suis dans le métro. C'est l'occasion d'inviter l'ensemble
des élus, que ce soit ceux qui ont une voiture individuelle ou ceux qui
profitent encore d'un chauffeur, d'essayer de limiter au maximum leurs
déplacements en voiture lorsqu'il y a une alternative. C'est une attention que
je porte à l'ensemble de l'Assemblée même si je sais qu'il y en a qui font
beaucoup plus que d'autres.
Concernant
la consommation responsable et moins génératrice des déchets, et en réponse aux
vœux n° 85, n° 87 et n° 100 du groupe E.E.L.V.A. et du vœu
n° 123 de M. Martins, la Ville s'engage à expérimenter le déploiement du
compostage collectif et domestique des déchets organiques ménagers sur les
pieds d'immeuble. Une grande capitale comme Paris ne peut rester à terme sans
une filière de compostage.
Il
est également question de formaliser le suivi de la consommation des eaux
embouteillées et l de l'expérimentation visant à réduire les déchets issus de
la restauration collective.
C'est
l'occasion de rappeler effectivement, en matière de restauration collective,
qu'en partant quasiment de rien du tout en 2001, nous sommes aujourd'hui à 30 %
d'alimentation durable principalement biologique dans les crèches, et nous
sommes à 17 % dans l'ensemble des écoles. Quand on voit le nombre de repas
servis à Paris et ce que représente comme enjeu la restauration collective pour
l'ensemble de la chaîne biologique, ces chiffres sont absolument excellents.
Nous pouvons en être fiers.
Concernant
la stratégie d'adaptation du territoire et en réponse aux vœux n° 61, n° 69,
n° 70, n° 71, n° 72, n° 73, n° 74, n° 78,
n° 79, n° 80, n°89 et n° 99 déposé par le groupe E.E.L.V.A. et
les vœux n° 112, n° 115, n° 118 et 119 du groupe U.M.P.P.A.,
l'enjeu est bien d'imaginer le Paris de 2030.
Nous
proposons de monter en puissance en formalisant les études sur la
végétalisation participative de l'espace public, mais aussi d'appuyer
l'ensemble des sites d'agriculture urbaine actuellement en projet.
Quand
on imagine Paris avec + 2 °C, nous sommes également obligés de réfléchir à
de nouveaux revêtements de surfaces susceptibles de contribuer à lutter contre
les îlots de chaleur. Le bitume parisien, si noir, pourrait évoluer vers une
couleur plus claire pour rendre la ville plus supportable en temps de canicule.
C'est le bitume comme également les revêtements de toits, bien sûr.
Concernant
les chartes d'engagement avec les entreprises, les maires d'arrondissement
seront bien sûr informés et associés à cette démarche de charte d'engagement.
Il faut également, sur un autre sujet, réfléchir à un schéma directeur du
réseau de froid urbain permettant d'éviter des dizaines de climatisation
individuelle et tours aéroréfrigérées quand cela est incontournable - je pense
entre autres aux "data centers", par exemple.
Concernant
enfin le vœu n° 118 demandant une carte de l'état de santé des arbres de la
Capitale, l'ensemble des données existe déjà concernant la santé des arbres de
la Capitale. C'est vrai que nous ne voyons pas l'intérêt de réaliser une
cartographie alors que ces données existent déjà.
Concernant
l'administration parisienne et en réponse aux amendements nos 52, 64
et aux vœux nos, 76 et 77 du groupe E.E.L.V.A. et nos 109
et 119 du groupe U.M.P.P.A., l'objectif est bien de tendre vers l'exemplarité.
Après une première tranche de rénovation thermique de 100 écoles, je peux vous dire aujourd'hui qu'une seconde tranche de 200 écoles sera lancée après un bilan présenté au mois de février 2013. Je rappelle que ce plan de rénovation thermique, qui concerne 300 écoles pendant cette mandature, est le plus grand plan de rénovation thermique de son parc d'écoles jamais lancé par une collectivité.
Je
peux également, en réponse à Danielle SIMONNET qui s'interrogeait sur ce point,
vous dire qu'une partie importante de cette seconde tranche sera réalisée en
régie municipale. Le reste, selon le mode contractuel le plus avantageux pour
la collectivité, débat que nous aurons en février 2013. Nous ferons le bilan en
février et je m'engage à ce que les maires d'arrondissement soient bien sûr
étroitement associés, que cela soit sur le bilan des travaux réalisés ou sur
les futurs choix d'écoles.
Nos
engagements également à multiplier, sur un autre sujet, les projets de
végétalisation de toitures et façades équipements publics et d'intégrer la
biodiversité dans l'ensemble des cahiers des charges fonctionnels émis par la
Ville de Paris.
Concernant
un point spécifique, qui est la végétalisation de la mairie du 17e, il nous
semble important avant d'imaginer un tel projet de mettre à l'étude les travaux
nécessaires de rénovation thermique, pour avoir visité récemment cette mairie,
et dans un deuxième temps de pouvoir imaginer une végétalisation.
Globalement,
si aujourd'hui et dans les années à venir, nous prenons ce Plan Climat et
appliquons chacune de ces règles et chacune de ces actions, nous atteindrons
l'objectif que nous nous sommes fixés. Il faut maintenant seulement appliquer
le Plan Climat.
L'occasion
pour moi également de remercier mon prédécesseur, Denis BAUPIN, qui a porté
l'actualisation du Plan Climat, l'ensemble de mon cabinet, qui a énormément
travaillé, l'ensemble des services de la DEVE ici présents et également
l'Agence parisienne du climat et sa directrice, qui ne ménage pas ses efforts.
J'ai
souvent l'habitude de dire qu'il faut faire aujourd'hui de façon organisée et
sereine ce que nous serons obligés de faire demain dans l'urgence et peut-être
pour la survie de l'espèce. Soyons exemplaires, et je souhaite que cette
assemblée ne donne pas le spectacle que les États nations ont pu donner à la
conférence de Doha.
Chers
collègues, pour le climat et pour la planète, nous nous devons de voter
unanimement ce Plan Climat car pour la planète, nous n'en ferons de toute façon
jamais assez.
Je
vous remercie.