Par Rene Dutrey, mardi 5 février 2008
Le Vélib’ credo
« Un Vélib’ pour tous, tous pour un vélo », ce sont les paroles de la chanson du jeune artiste Florent Nouvel. Il y décrit avec humour le phénomène Vélib. Car Vélib’ est un phénomène, au succès retentissant. Vélib’ a créé de nouveaux comportements. Un coup dans le pneu avant, un dans le pneu arrière, une pression sur la pédale pour voir s’il n’a pas déraillé et c’est parti. Plus simple encore, une selle à l’envers signifie que le vélo est cassé. Les habitudes ont changé et les rencontres à la borne sont devenues courantes. Entre deux coups de pédale, on échange l’information sur la station qui dispose d’emplacements libres. La drague au feu rouge, encouragée par l’absence d’habitacle, donne apparemment de bons résultats. La Vélib’ attitude existe et les Parisiens l’ont adoptée, comme si elle avait toujours existé !
Service public vs marché privé
Vélib a profondément changé le mode de vie des habitants de la capitale et de leurs voisins. L’extension du dispositif vers les communes de première couronne est devenue une nécessité. C’est à ce moment là que le rêve Vélib se transforme en cauchemar ! Il existe deux moyens pour mettre en place une flotte de vélos. Cas un, le dispositif relève du service public, financé et géré par la municipalité. Cas deux, celui choisi par Paris, le système est mis en place par un opérateur qui prend tous les frais d’installation à sa charge, en échange de quoi il obtient la gestion et la vente de l’ensemble des supports de publicité (4x3, panneaux déroulants…) de la ville.
Vélib’ pour tous ?
Cette seconde solution est moins onéreuse, mais elle pose de nombreux problèmes. Dans le cas de Paris, le publicitaire en l’occurrence JC Decaux, est aujourd’hui détenteur d’un système qui ne peut être géré, exploité et a fortiori reproduit uniquement par lui. La suite est logique : toute commune désireuse de disposer d’un dispositif compatible avec les Vélib’ parisien, doit désormais travailler avec le publicitaire, soit en lui confiant son marché de publicité, soit en payant rubis sur l’ongle pour disposer des bornes magiques. En signant un contrat vélo – publicité, la ville de Paris a pris en otage l’ensemble de ses voisins. Dès 2006, les Verts parisiens ont mis le doigt sur cette problématique. En vain.
Mais l’histoire n’est pas terminée ! La Mairie de Paris décide fin 2007 de pallier ce problème et d’étendre Vélib’ au bénéfice des communes limitrophes. Cette fois, elle doit payer le dispositif dans son intégralité. La facture est salée : sept millions d’euros pour 400 stations. Le projet n’a pas abouti, annulé par le tribunal administratif.
Vélib', une vitrine internationale
Un dispositif public aurait permis la réalisation d’un projet intercommunal, positif et fédérateur, sans coût excessif. Le bilan est plus que mitigé pour Paris. Quant à Decaux, il a fait d’une pierre deux coups. En gagnant le marché parisien, il a mis une option sur l’ensemble des marchés publicitaires d’île de France, tout en exploitant à moindre frais, une vitrine internationale pour son entreprise : la flotte Vélib’ dans la plus belle ville du monde.
Une petite histoire que ne raconte pas la chanson et à laquelle les habitués du Vélib’ ne pensent sans doute pas en enfourchant leur vélo !
René Dutrey
Président du Groupe Les Verts au Conseil de Paris
Premier Adjoint au Maire du 14e arrondissement
Regarder le clip "La Vélibération" de Florent Nouvel
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