13 mai 2013

« Tous les moyens sont bons afin de rester dans son logement » - Interview dans Le Parisien du 11 mai 2013



Interview - René Dutrey, président de l’Adil75, association d’aide au logement
Propos recueillis par A.L. | Publié le 11 mai 2013
Fin connaisseur du marché de l’immobilier, René Dutrey décrypte cette nouvelle tendance.

Les propriétaires sont de plus en plus nombreux à se mettre en colocation. Cela vous étonne-t-il ?
Pas du tout. Aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour rester dans son logement. Selon une récente étude, la priorité numéro 1 des Français est de garder un toit, avant même d’avoir un emploi ! Du coup, ce phénomène, jusqu’ici à la marge, s’amplifie. La colocation traditionnelle, vécue par des étudiants comme un rite de passage sympathique, se transforme désormais en colocation contrainte pour des adultes qui ont fini leurs études depuis longtemps.

Qui sont ces nouveaux adeptes ?
On a affaire à des familles monoparentales, des quadras ou des quinquas qui se retrouvent seuls après une séparation ou un accident de la vie. Ils n’ont pas d’autre solution pour rester chez eux que de louer une chambre ou deux.

Ces colocations contraintes peuvent-elles poser des problèmes ?
Depuis 2009, nous avions constaté au sein des Adil (NDLR : Associations d’information sur le logement) que les personnes âgées étaient de plus en plus nombreuses à louer une chambre à un étudiant pour rester chez elles. Cela a engendré des situations très compliquées qui sont parfois allées jusqu’au harcèlement. Le propriétaire âgé ne voulait pas, par exemple, que l’étudiant rentre après 21 heures ou qu’il soit accompagné. Ce n’est pas évident que les nouveaux adeptes accepteront mieux ce mode de vie particulier après avoir vécu en couple ou en famille !

Les couples séparés ont toujours existé. Pourquoi ce phénomène augmente-t-il aujourd’hui ?
Ces gens sont contraints économiquement de le faire. Avec la crise, les propriétaires les plus précaires n’ont pas d’autre choix que de partager le peu d’espace qu’ils ont pour pouvoir rester dans leur logement. Trouver un colocataire est plus rapide que de trouver un acheteur, vu l’état du marché. Le problème, c’est que, alors que les colocations d’étudiants se font normalement dans de grands appartements, celles que l’on voit aujourd’hui se font surtout dans des habitations plus exiguës. Cela montre que la crise économique aggrave encore un peu plus celle du logement.

Interview original sur leparisien.fr

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