12 novembre 2012

Lutte contre la pollution de l’air : Paris montre la voie à une politique nationale attendue par tous.

En ouverture du Conseil de Paris des 12 et 13 novembre, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, a prononcé une communication sur la lutte contre la pollution.

Un éventail de propositions a été déployé en ce sens. L'interdiction des véhicules les plus polluants assortie de mesures d'accompagnement social pour les ménages et les professionnels les plus en difficultés, l'inscription de la lutte contre la pollution à l'échelle métropolitaine -la Zone d'Action Prioritaire pour l'Air incluerait, en concertation avec Plaine Commune, l'A86-, l'abaissement de la vitesse maximale autorisée sur le Périphérique à 70 km/h, la multiplication de "zones 30" en sont les principales mesures.

Site Paris.fr : Conseil de Paris, des propositions contre la pollution

Voici mon intervention, suite à cette communication, dans laquelle j'appelle à une véritable politique nationale de lutte contre les pollutions qui doit passer, inévitablement et impérativement, par un plan national de sortie du diesel.

 




" Cette  communication retrace l’ensemble des actions de la ville de Paris concernant chaque pollution qui dégrade la santé de nos concitoyens.
Car la situation est grave, et nous sommes à l’aube d’un scandale sanitaire d’une ampleur sans précédent.
·        42 000 morts en France selon OMS
·        6 à 8 mois d’espérance de vie en moins dans les grandes villes
·        2,5 millions d’insuffisants respiratoires en France        
La cause principale de cette situation : la circulation automobile. Il n’est donc pas étonnant que  ce soit en matière de qualité de l’air, que la ville démontre son volontarisme.
Je vous le rappelle mes chers collègues, comme disait Monsieur le maire, la France est sous le coup d’une condamnation de la commission européenne pour non-respect de la réglementation sur la qualité de l’air en particulier celle liée aux particules. Cette condamnation que porte la commission européenne sur la France telle l’épée de Damoclès risque de coûter très cher à l’Etat.  Plusieurs dizaines de millions d’Euros accompagnés d’astreintes journalières.
Paris est responsable et Paris doit montrer la voie
Sans attendre la tenue début 2013 du comité interministériel sur l’élaboration du dispositif ZAPA, la ville de Paris propose cette interdiction de véhicules de plus de 17 ans, des camions de plus de 18 ans.
Pour être vraiment efficace, cette proposition de la ville doit s’intégrer dans une politique nationale.
Quatre remarques sur le sujet pour disposer d’un plan de lutte efficace contre la pollution
Le périmètre : la métropole
Rien ne différencie une particule émise à Paris d’une particule émise à Vanves, Levallois–Perret ou Montreuil.
Le périmètre parisien serait injuste socialement (ciblant les plus pauvre) et totalement inefficace (étude airparif)
C’est bien l’anneau de l’A86 qui est le bon périmètre.
C’est pourquoi l’exécutif émettra le vœu que se réunissent d’ici la fin de l’année 2012 le comité de pilotage de la Zone d’actions prioritaires pour l’air  (ZAPA), auquel participent Paris Métropole, les conseils généraux, l’AMIF, la Région Ile-de-France et les services de l’Etat, permettant un approfondissement du travail sur les mesures susceptibles d’accompagner la mise en place des propositions qu’elle a formulées.

Les véhicules concernés : intégrer le C02  + L’accompagnement social :
Les véhicules ciblés par cette communication sont les gros émetteurs de C02, notamment les vieux véhicules comme le demandait le maire de Paris dans sa lettre à Jean-Marc Ayrault en juillet. Il s’agit là d’interdire les véhicules les plus polluants en observant objectivement leur émanation de CO2, aussi je m’étonne que si le PCF/PG souhaite interdire les 4x4 et autres SUV, il ne semble pas en être de même pour les Porsche ou Ferrari, grosses cylindrées également fortement émettrices de CO2.
C’est pourquoi le vœu de l’exécutif sollicitera l’Etat pour la mise en place d’une prime à la casse pour les véhicules de + de 17 ans dans le périmètre métropolitain des futurs ZAPA.
Il s’agit par la même occasion d’accompagner les revenus les plus faibles dans la mise en place d’alternative à la voiture, les transports collectifs, l’auto-partage, etc…
L’exécutif émettra le vœu qu’un abonnement au service Autolib’ puisse être offert aux personnes renonçant à leur véhicule ancien.

Un plan national de sortie du diesel
Depuis trente ans, les constructeurs automobiles français ont fait de la technologie diesel un axe majeur de leur stratégie industrielle et commerciale. Soutenus par l'Etat, les niches fiscales favorisant cette motorisation se sont multipliées : moindre taxation du gazole par rapport à l'essence, défiscalisation des véhicules diesel pour les entreprises, bonus-malus assis sur les émissions de CO2 pour les particuliers.
Ce faisant, de plus en plus d’automobilistes ont été convaincus, à tort, des vertus à « rouler diesel » rendant le parc automobile français le plus diésélisé du monde à prêt de 70%.
Le "roi diesel" est aujourd’hui bien nu... En classant en juin dernier les particules émises par les moteurs diesel comme "cancérogènes certains", l'Organisation mondiale de la santé n'a fait que confirmer de très nombreuses études.
Asthmes, bronchiolites, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, le tribut payé aux particules fines émises par les véhicules diesel est lourd et désormais connu de tous.
Ce scandale sanitaire conduit les constructeurs, droit vers un crash industriel que pourraient payer au prix fort leurs salariés. Car cette "succes story" du diesel en France, construite sur le déni de la pollution fait figure aujourd'hui de double peine écologique et économique.

·        "le problème en France, c'est le diesel". Je l’affirme, il faut arrêter les avantages fiscaux liés au diesel. Mais c’est aussi M. Gallois qui l’admet et  reconnait avoir "manqué de courage" pour parler des "avantages fiscaux" dont bénéficient les motorisations diesel, dans le rapport sur la compétitivité des entreprises remis la semaine dernière au Premier ministre.
·        Encourager l’industrie automobile vers la conversion écologique des emplois pour la fabrication de voitures non polluante, plus petite et mieux adaptés à la ville, mais aussi les services de la mobilité (auto partage, voitures libre-service etc…), la fabrication de transport en commun tramways etc…

Concernant les autres pollutions,  je voudrais dire
·        Sur la lutte contre le bruit, avec l’adoption au premier semestre 2013 du plan de prévention du bruit qui prévoit une cartographie précise des effets des infrastructures sur l’environnement sonore des parisiens, une série de mesures pour améliorer l’environnement sonore des parisiens dont la création  de zones calme.
·        Mais aussi de limiter l’exposition des parisiens aux champs électromagnétique avec la charte de téléphonie qui va bien plus loin que la loi.
·        La ville a été également précurseur en interdisant le bisphénol A dans les biberons des crèches parisiennes ou en donnant l’alerte sur les effets du perchloréthylène cette substance extrêmement dangereuse utilisée dans les pressings.
·        En matière de qualité de l’air intérieur Paris a devancé la réglementation en réalisant des études exhaustives dans une trentaine d’écoles donnant des résultats satisfaisant et qui l’on amenée à réviser ses marchés publics pour proscrire les équipements émissifs en COV et formaldéhydes. D’ici 2015 ce sont les écoles et des crèches qui seront contrôlées comme le prescrit un décret de juillet 2012. Le plan de rénovation thermique des écoles sera également l’occasion d’améliorer l’aération des classes.

Par cette communication la ville lance une alerte sanitaire sur les dangers du diesel, mais aussi une alerte industrielle sur les conséquences sur l’emploi et l’économie de ce scandale en constitution.
Elle prend ses responsabilités en actionnant tous les leviers qui sont à sa disposition pour mener cette bataille contre la pollution.
Elle affirme son volontariste en proposant au gouvernement des pistes pour être à la hauteur de cet enjeu impérieux de santé publique et de sauvegarde de l’emploi
Lancer l’alerte, prendre ses responsabilités, affirmer son volontariste, tel était l’objectif de votre communication Monsieur le Maire,
Je vous remercie"
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire