14 septembre 2009

Amiante : l’incroyable retard de la Ville de Paris






Un diagnostic amiante approfondi de 3 035 bâtiments municipaux aurait dû être réalisé avant 2005. Quatre ans plus tard, 420 d’entre eux n’ont toujours pas été contrôlés.


Le collège ou la crèche de votre enfant sont-ils débarrassés d’amiante ? Inutile d’interroger le chef d’établissement ou la directrice, ils ne pourront sans doute pas vous répondre. Alors que la loi imposait, pour les immeubles bâtis avant juillet 1997, une exploration approfondie systématique des matériaux avant fin 2005, la Ville de Paris n’a pas encore sondé tous ses locaux.

Selon les derniers recensements, il resterait encore 420 bâtiments à contrôler. Depuis quatre ans, la Ville est donc hors la loi. Une réunion houleuse a évoqué ce dysfonctionnement en fin de semaine dernière à l’Hôtel de Ville.

Premiers contrôles réalisés à temps. Au début, la mairie de Paris avait pourtant bien respecté le calendrier. Jusqu’à fin 2000, conformément au décret de 1996, tous les locaux municipaux ont été inspectés et les travaux nécessaires réalisés. Ces diagnostics amiante ont concerné les flocages, calorifurages et faux plafonds susceptibles de contenir de l’amiante friable. « L’amiante le plus dangereux a ainsi été éliminé des bâtiments publics », insiste le cabinet de Maïté Errecart, adjointe de Bertrand Delanoë chargée des ressources humaines et de l’administration générale.

De l’amiante dans 56 % des immeubles inspectés. C’est dans l’inspection plus approfondie de ses bâtiments que la Ville a pris du retard. Après les diagnostics amiante, un décret paru en septembre 2001 a en effet imposé la réalisation d’un « dossier technique amiante » (DTA) pour chaque immeuble construit avant juillet 1997. Dans 3 035 bâtiments, la mairie devait sonder les matériaux contenant de l’amiante non friable : murs, cloisons, dalles de sol… Ces éléments ne libèrent pas d’amiante spontanément mais en cas d’opération d’entretien ou de travaux, le risque d’exposition existe. Sur les 2 615 immeubles inspectés, 56 % recelaient de l’amiante à des degrés plus ou moins graves. Ainsi, dans 3 % des sites, de l’amiante friable a été détecté.

Collèges, crèches et bibliothèques dans l’attente. Quatre ans après l’échéance légale, il resterait toujours 420 opérations de contrôle à mener. « Le problème, c’est que chaque direction a travaillé dans son coin. Du coup, cela a pris plus de temps », plaide l’Hôtel de Ville. Des collèges, des crèches, des marchés et des théâtres sont concernés. En outre, selon le syndicat Supap, aucune bibliothèque (sauf celles situées dans les mairies d’arrondissement) ne disposerait de DTA.

Les Verts font pression. Pour René Dutrey, élu vert du XIVe arrondissement, le retard de la Ville de Paris est inconcevable. « Depuis 2005 nous interrogeons la mairie de Paris pour savoir où en sont les opérations de désamiantage. A chaque fois, on nous répondait vaguement que le dossier avançait. L’ex-adjoint chargé du dossier, Jean-François Dagnaud, nous avait même répondu que la Ville satisfaisait pleinement aux obligations légales. Aujourd’hui, on voit bien que ce n’est pas le cas ! » s’exaspère l’écologiste, qui devrait relancer la polémique au prochain Conseil de Paris à la fin du mois.

Marie-Anne Gairaud
A retrouver sur : http://www.leparisien.fr/paris-75/amiante-l-incroyable-retard-de-la-ville-de-paris-14-09-2009-637715.php#reactions

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