8 octobre 2005

René Dutrey, un Vert trop normal pour Delanoë



paru le 8 octobre 2005
par Daniel Bernard

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Ce Vert est un petit gars comme les socialistes ne les apprécient guère. Pas de fil bleu, ni rouge, ni rosé à la patte ! Elu pour la première fois en 2001, René Dutrey ne s'est pas compromis avec la « chiraconnection » parisienne. Nulle dérive gauchiste : l'ex-militant associatif est plus Cohn-Bendit que Besancenot. Pas de dépendance non plus à l'égard du pouvoir PS : comme pour son poste de premier adjoint, il sait qu'il devra aller chercher avec les dents le fauteuil de maire du XIVearrondissement. Pis que tout, il ne craint pas la colère du seigneur Delanoë. Son prédécesseur à la tête du groupe vert, Alain Riou, lui a donné le mode d'emploi de « Bertrand » : « Tu lui dis : "Fais ta colère, et quand tu seras calmé, nous reparlerons du fond." » C'est ce qu'a encore chuchoté Dutrey, exaspérant de calme, l'autre semaine. Le résultat ne s'est pas fait attendre.

Furieux d'avoir été mis en minorité par une alliance de circonstance entre les Verts et la droite sur l'habitat insalubre, le boss de Paris et ami de Jospin a menacé de ne pas rempiler en 2008, si les écolos refusaient de faire contrition, puis allégeance. « Il nous refait le coup de Bizerte » , a lâché l'insolent qui demande obstinément : « Pourquoi les socialistes refusent-ils un plan de prévention des incendies dans les immeubles insalubres ? » « Ce type est fou » , chuchotent les socialistes qui ne voient en lui qu'un alternatif qui organisait des fêtes dans les catacombes avec ses copains punk. Tout à fait « ouf » , puisque l'ex-président d'Urbanisme et Démocratie poursuit au conseil -de Paris le combat qu'il menait, adolescent en rupture familiale, contre les zones d'aménagement concerté. « Zinzin » , puisque Dutrey se présente sèchement : « Pas marié, pas d'enfant, pas d'études » (il a quitté l'école en seconde) et envisage, déjà, de « faire autre chose » . « Givré » , puisque les querelles intestines aux Verts et la haine Contassot-Baupin lui indiffèrent...

Dans cette cour où les conseillers, ainsi que les élus, craignent les humeurs du maire plus que la sanction des urnes, le simple rapport de forces est psychiatrisé. « Il va nous faire perdre Paris, ce malade ! » disent-ils. Même menacé d'une camisole, le simple René refuse de jouer sa partition dans la comédie affectivo-politique qui se rejoue quotidiennement à l'Hôtel de Ville.



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