9 novembre 2007

Logement parisien : il faut déclarer l’état d’urgence


paru le 9 novembre 2007


Par Denis Baupin, adjoint Vert au Maire de Paris et René Dutrey, président du groupe Les Verts au Conseil de Paris. La crise du logement est loin d’être un problème réglé dans la capitale et la ville de Paris peut gagner cette bataille. Si elle s’en donne les moyens.

Retrouver la tribune sur:
http://www.marianne2.fr/Logement-parisien-il-faut-declarer-l-etat-d-urgence_a80852.html


L’action menée par l’association Droit au Logement fait l’objet d’une répression sans précédent dans la capitale. Les interpellations de militants de l’association avec saisie des tentes sont quasiment quotidiennes et son porte-parole, Jean Baptiste Eyraud, est visé par une plainte pour « violence » émanant d’un policier. Leur tort ? vouloir installer un campement de mal logés dans la capitale.

Mal-logés: la stigmatisation perdure
Les tentes sont aujourd’hui devenues un objet subversif, le symbole de la misère absolue dans une des villes les plus riches du monde. C’est l’un des mérites incontestables de l’opération de distribution des tentes aux sans-abri menée par l’association Médecins du monde qui a permis à l’opinion publique de prendre conscience du scandale du mal logement. Nous nous sommes battus à leurs côtés, avec Mylène Stambouli, maire-adjointe Verte chargée de la lutte contre l’exclusion. Et si l’opération menée par « Les enfants de Don quichotte » a été habilement gérée l’hiver dernier par le gouvernement, aujourd’hui où en est-on ? Chaque Parisien a pu le constater au coin de sa rue. On voit se multiplier les opérations, alliant forces de police et services de la ville, mobilisés contre leur gré pour expulser SDF, Roms, etc. Pour nous, la Ville ne saurait devenir progressivement un auxiliaire zélé, un prestataire de service de l’Etat assurant le nettoyage de l’espace public. Le comble du cynisme est atteint au mois de juin lorsque des plots de béton « anti-tentes » sont installés sur les berges du canal Saint Martin, transformées pour l’occasion en plage du débarquement. Et depuis peu, on s’empresse de créer sur ce même lieu…un square avec une végétation si dense que toute velléité d’installation au sol est découragée. Quelle « créativité » ! quel amour soudain pour les espaces verts !

La chasse aux pauvres est ouverte. L’Etat renvoie la responsabilité de l’hébergement à la ville de Paris qui aussi sec se déclare incompétente, pour à son tour renvoyer la balle à l’Etat. En otage, au beau milieu de cette partie de ping-pong absurde, des milliers de personnes qui dépérissent lentement sur le trottoir. Car oui : l’Etat en matière d’hébergement d’urgence, et plus globalement de politique de logement, mène une véritable politique de casse sociale. L’absence d’investissement à Paris rend la situation de milliers de mal logés inextricable. Et c’est un mensonge absolu de faire croire aux Français qu’ils pourront tous « devenir propriétaires ».

La mairie de Paris doit agir
Mais de son coté, la ville de Paris, se réfugie derrière l’argument « on ne doit pas se substituer aux carences de l’Etat », argument inaudible et insoutenable face à l’urgence. On ne peut pas se vanter d’être la capitale d’une grande puissance mondiale, vouloir rivaliser sur les marchés internationaux pour obtenir les meilleures notes des instituts de notation financière et ne pas tout faire pour empêcher que des milliers de personnes soient encore contraintes de dormir dehors. Et quand on déclare « Allez planter des tentes à Neuilly », on ne peut s’empêcher de comprendre « ne les plantez pas à Paris… ». En tant que militants de gauche qui n’ont cessé d’alerter sur l’urgence de la situation et de multiplier les propositions, les Verts refusent de baisser les bras. La ville de Paris encaisse les fruits de la spéculation immobilière, soit la somme de 854 millions d’euros de droit de mutation chaque année, alors qu’elle consacre 240 millions d’euros à son budget d’acquisition logement. Les marges de manœuvre existent donc. Et si cette mandature a permis d’engager une réelle rupture dans la prise en compte de la question du logement à Paris, le bilan de cette majorité municipale est encore loin de répondre à la crise que subissent de très nombreux Parisiens.

La ville de Paris, si elle le décide, peut se donner les moyens de gagner la bataille contre le mal logement, en acceptant d’intervenir vigoureusement sur le marché. Pendant cette campagne électorale, nous continuerons de demander la révision du plan local d’urbanisme pour donner la priorité aux logements face aux bureaux, le blocage des loyers, l’application de la loi de réquisition ou l’augmentation des moyens du budget logement dans la capitale. Les Verts, aux cotés des associations de mal-logés, porteront une exigence forte et impérieuse : déclarer l’état d’urgence sociale à Paris. Pour que dans une des villes les plus riches du monde, il ne soit plus possible d’attendre dans l’angoisse avec ses enfants l’arrivée des huissiers, de galérer d’hôtel en hôtel ou tout simplement de dormir dans la rue.
Vendredi 09 Novembre 2007 - 11:27
Denis Baupin, candidat Vert à Paris et René Dutrey

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