30 septembre 2009

Pour une ville durable et solidaire

Intervention au conseil de Paris 29 septembre 2009 - Modification du Plan Local d'Urbanisme
René Dutrey


Pour un urbanisme métropolitain

Hasard du calendrier, ce projet de délibération nous est présenté après que nous avons, ce matin, débattu du projet de loi sur la société du grand Paris. Nous l’avons souvent répété, il nous semble que ces deux sujets doivent être liés, que c’est dans un cadre intercommunal que notre plan local d’urbanisme devrait être conçu.

En effet, la concurrence entre les territoires a contribué pour une large part aux déséquilibres actuels, les communes les plus privilégiées cherchant à attirer un maximum d’entreprises sur leur territoire – au détriment de leurs voisines les plus fragiles et les plus enclavées. Paris ne fait pas exception en la matière, qui voit l’exil des familles et des classes populaires en banlieue se poursuivre, tandis que la Ville s’est fixée en 2006 l’objectif de 2 millions de m2 de bureaux, et qu’elle entend même relancer la construction de tours de bureaux.

Nous regrettons que cette procédure de modification du PLU n’ait pas été l’occasion de mieux prendre en compte cet enjeu métropolitain en accordant, sur le territoire parisien, une priorité absolue au logement plutôt qu’au bureau. Paris compte 1,5 emploi pour 1 actif. Elle doit se donner les moyens d’accueillir sur son territoire une plus grande part de ceux qui la font vivre.

En effet, rapprocher les logements des emplois constitue une priorité pour un aménagement durable de notre agglomération. Une priorité écologique, car cela permettra une réduction considérable de nos émissions de gaz à effet de serre. Une priorité sociale et sanitaire, car cela libèrera les habitants des quartiers périphériques du poids de longues heures perdues dans ces déplacements obligés – et de toutes leurs conséquences sur leur vie familiale et leur confort personnel. Une nécessité économique enfin, pour rendre notre agglomération moins dépendante du pétrole, et moins sensible aux augmentations à venir du coût de l’énergie.

Prise en compte du Plan Climat

Une telle orientation renforcerait la cohérence de notre projet urbain avec le Plan Climat de Paris. Malgré leurs limites, nous nous réjouissons des adaptations introduites dans le PLU pour permettre le développement des énergies renouvelables et une meilleure isolation des bâtiments anciens.

Des mesures de surdensification qui incitent à la vigilance

Nous sommes plus circonspect quant aux différentes règles nouvelles, qui ont en commun d’augmenter la constructibilité de différentes parcelles.

Espace libre

Ainsi, nous nous interrogeons sur la modification des normes d’espace libre, qui prévoit de renforcer la constructibilité des terrains situés en bordures de jardins publics, en assimilant ces derniers à de la voirie. Sans doute cette disposition peut-elle paraître appropriée dans certains cas très particuliers, comme aux Batignolles. Mais nous percevons mal l’utilité d’en faire une règle générale.

Nous voyons assez clairement, en revanche, quelles dérives cette modification pourrait entraîner. Lier la constructibilité d’une parcelle à la présence d’un équipement public « à proximité » aiguisera l’appétit des bétonneurs à tout genre. S’agit-il d’un prélude au financement d’ouvrages publics par l’ouverture de droits à construire pour le privé ? Nous veillerons à ce que soient maintenus les principes de l’autonomie du domaine public et du domaine privé, ainsi que celui de l’égalité des droits.

Division des parcelles

De même, la modification des règles de densité applicables en cas de divisions de terrains permettra sans doute, ici ou là, la réalisation d’un certain nombre de programmes de logements sociaux, sans surdensifier les parcelles. Mais l’expérience nous incite à la vigilance, tant sont nombreuses les mesures annoncées en fanfare en faveur du logement social et qui, au final, bénéficient avant tout aux promoteurs privés.

Verticale des gabarits

L’ajout d’un mètre à la verticale des gabarits enveloppes suscite les mêmes interrogations.

Paris est la ville la plus dense d’Europe. Il nous faut veiller à ne pas confondre la lutte contre l’étalement urbain à la périphérie de notre agglomération de bourrage des parcelles. La densification de notre agglomération n’implique pas, de transformer Paris intra-muros en enfer minéral. Bien au contraire, c’est en restaurant la mixité sociale et fonctionnelle de Paris intra-muros, en mettant tout en œuvre pour offrir à un plus grand nombre de Franciliens la possibilité de vivre sur notre territoire dans un cadre de vie satisfaisant, que Paris apportera sa pierre à l’édification d’une agglomération durable et solidaire. Considérant que le PLU légèrement modifié répond mal à ces exigences, nous nous abstiendrons sur le projet de délibération.

1 commentaire:

  1. Des expériences intéressantes, sur le plan de l'intégration travail/logement, sont toujours en cours en Allemagne st je ne m'abuse (cf travaux de l'institut « Wohnen und Umwelt » (habitat et environnement) de Darmstadt). Le bon sens de départ (ne pas faire monter ce qui peut ne pas monter) laurait plutôt tendance à pousser à la réduction de la verticale des gabarits (il est plus facile de déplacer de 10m à l'horizontale un flux que de 1 m à la verticale). Par ailleurs, limiter les déplacements à 1/2 heure de transport serait particulièrement avantageux, en terme de consommation d'énergie. Alors... pourquoi n'allons nous pas dans ce sens ?

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